Le Zona : sa prise en charge globale
Norman Poncet, actuellement pharmacien adjoint à la pharmacie de Pulligny, après avoir été formé et fait mes premiers pas en officine à la pharmacie Kennel de Revigny-sur-Ornain (55) puis dans diverses officines en tant qu’étudiant. Titulaire du DU de phytothérapie et d’aromathérapie de la faculté de Pharmacie de Nancy (Univeristé de Lorraine).
Le zona : sa prise en charge globale
Résumé
La prise de conscience de ces dernières années a permis d’approfondir les connaissances sur le zona. Ainsi, le traitement conventionnel n’a fait qu’évoluer. Cependant, malgré la prise d’un traitement antiviral dans les 72 premières heures suivant le début des signes cutanés, ce sont près de 20% des patients de plus de 50 ans qui souffrent de douleurs 6 mois après la guérison de l’éruption cutanée. Son association avec la phytothérapie, l’aromathérapie et l’homéopathie trouve alors toute sa place, car elle permet une prise en charge globale de la douleur et du virus tout en jouant sur le terrain individuel, facteur clef de cette pathologie. Enfin, la récente possibilité de se faire vacciner est un pas majeur dans le contrôle du zona.
Introduction
Le zona est une infection virale caractérisée par une éruption cutanée généralement localisée et accompagnée d’une douleur. Ces signes cliniques sont la conséquence de la réactivation du virus de la varicelle et du zona. Parfois, la douleur provoquée par le zona persiste pendant des mois voire des années après la guérison des lésions cutanées : ce sont les douleurs post-zostériennes.
Le zona
Pathologie de la petite enfance, la varicelle touche la quasi-totalité des individus avant 12 ans. Après sa guérison, une petite fraction des virus entre en phase de latence au niveau des ganglions sensoriels. Plusieurs années voire décennies plus tard, la réactivation du virus provoque un nouveau cycle lytique qui aboutit sur l’apparition de lésions cutanées zostériennes.
En moyenne, 270.000 nouveaux cas sont recensés chaque année en France. Parmi ceux-ci, plus des deux tiers concernent des sujets âgés de 50 ans et plus. Leur point commun est un terrain immunitaire sénescent, qui n’est plus capable de contrôler le virus latent.
Les cas de zona sont habituellement bénins. Cependant, les nombreuses complications potentielles font la gravité de la maladie. La plus fréquente est celle correspondant aux douleurs postzostériennes. Ces dernières ne sont pas des douleurs classiques puisqu’elles sont la conséquence de la destruction des neurones (douleurs neuropathiques) par le virus et de ce fait, elles sont particulièrement invalidantes car difficiles à traiter et persistantes dans le temps.
Le diagnostic
Sauf cas exceptionnel (forme grave, immunodépression etc.), la clinique typique d’un cas de zona suffit à poser le diagnostic.
Le traitement
Tout zona doit être traité afin de répondre à un triple objectif :
(1) accélérer la guérison des lésions cutanées,
(2) soulager la douleur, et
(3) réduire les complications.
L’allopathie conventionnelle
Dans un premier temps, la guérison d’un zona passe par un traitement symptomatique à base de bains (bi)quotidiens avec un pain, savon ou lavant dermatologique sans antiseptique.
Le traitement antiviral est habituellement réservé aux zona les plus graves, mais le recours aux antiviraux est devenu quasi-systématique pour éviter le développement de douleurs postzostériennes. Trois molécules sont disponibles en officine : l’aciclovir, le valaciclovir et le famciclovir. Leur prise doit être faite au plus tôt et durera une semaine.
Pour soulager la douleur de la phase aigüe de l’éruption, les antalgiques de classe I et II sont en général suffisants. Cependant, l’usage de la morphine peut être évoqué si besoin. Ces antalgiques classiques sont malheureusement inefficaces pour combattre les douleurs neuropathiques ; l’emploi de certains antidépresseurs tricycliques (amitriptyline) et de certains antiépileptiques (gabapentine, prégabaline) devient alors incontournable. Enfin, l’application locale d’un anesthésique (lidocaïne) peut s’avérer un bon complément à la thérapie orale.
La phytothérapie
Par voie orale, deux associations de plantes s’avèrent intéressantes. D’un côté, la racine de bardane et la partie aérienne fleurie de pensée sauvage contiennent respectivement des acides-alcools et un cocktail (tanins, mucilages, flavonoïdes etc.) aux propriétés dépuratives permettant l’élimination cutanée du virus. D’un autre côté, les proanthocyanidines du cyprès et les polysaccharides de l’échinacée sont des références pour stimuler l’immunité antivirale.
Par voie cutanée, les capacités apaisantes et cicatrisantes du gel d’Aloe vera permettent une guérison accélérée des lésions. Aussi, deux huiles végétales sont particulièrement indiquées à savoir l’huile de calophylle : cicatrisante, antalgique et anti-inflammatoire d’ailleurs utilisée traditionnellement par les polynésiens contre le zona et les brûlures ; ainsi que l’huile de millepertuis, qui possède les mêmes vertus mais qui est cependant photosensibilisante.
L’aromathérapie
Les huiles essentielles pertinentes d’utilisation sont celles aux propriétés antivirales et antalgiques. Ainsi, le recours aux huiles essentielles à phénol, à alcool monoterpénique et à 1,8-cinéole permet de combattre le virus ; et celles contenant un aldéhyde monoterpénique, un ester monoterpénique et du menthol soulagent la douleur. A noter que le menthol est spécialement intéressant puisqu’il induit une anesthésie locale, jouant de ce fait sur la composante nerveuse de la douleur.
Il sera judicieux de combiner des huiles essentielles de différentes familles, aussi bien oralement que localement (sauf les phénols dermocaustiques), afin de bénéficier de la synergie d’action des différentes molécules. De plus, le gel d’aloès et les huiles végétales précédemment citées sont d’excellents véhicules pour l’application cutanée des huiles essentielles.
L’homéopathie
Un protocole type pourrait être le suivant, avec la prise incontournable d’une dose globules de Vaccinotoxinum 15 CH lors des premiers symptômes d’une infection par un herpèsvirus. Par la suite, 5 granules 4 fois par jour de Rhus toxicodendron 15 CH (si vésicules) et d’Arsenicum album 9 CH (pathologie d’origine infectieuse avec douleurs qui brûlent) permettent de réduire les signes de l’éruption cutanée. En cas de douleurs, il sera utile de prendre 5 granules 3 fois par jour d’Hypericum perforatum 15 CH (« arnica des nerfs »), de Kalmia latifolia 15 CH (névralgies et paresthésies) et de Ranunculus bulbosus 15 CH (névralgies dues à une maladie dermatologique d’origine virale). Pour terminer, l’administration d’une dose globules de Sulfur iodatum 15 CH permettra d’accélérer le rétablissement de l’organisme.
La vaccination
Depuis le mois de juin 2015, une considérable réponse au manque de moyens dans la prévention du zona a été apportée par la mise sur le marché français d’un vaccin contre le zona : le Zostavax®. En janvier 2018, un second vaccin est sorti sur le marché canadien : le Shingrix®, avec une baisse de l’incidence des cas de zona à plus de 90%.
Bibliographie
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Lecture de synthèse sur l’alliance complémentaire des médecines